Une situation qui relève de l’absurde : voilà maintenant depuis février dernier qu’artistes et techniciens du spectacle attendent la validation d’une loi qui demeure toujours en suspens.
Rappel de la situation : L’ICA, l’institut cinématographique du Portugal (l’équivalent du CNC) perçoit ses fonds de l’Etat qui a bloqué tout financement du cinéma. Un Etat qui a dit «Coupez !» sans crier gare en mettant le moteur en pause, dans l’attente d’une nouvelle loi du cinéma. Selon cette loi, la télévision devrait investir plus dans le cinéma, comme elle le fait déjà dans d’autres pays d’Europe, dont la France.
Simultanément, deux films portugais ont été récompensés au Festival de Berlin, Tabu de Miguel Gomes, et Rafa de João Salaviza. Cela montre que le cinéma portugais est bien là, qu’il a des choses à dire et qu’il est reconnu internationalement. Mais apparemment, cela ne suffit pas.
C’est un peu comme si le CNC annonçait «Non, cette année nous n’avons pas les moyens de financer le cinéma français, la culture n’est pas une priorité. Il n’y aura pas de films français cette année». Le système de production portugais repose essentiellement sur cette aide qui fonctionne par concours. «C’est la crise» dit le gouvernement, crise économique très certainement, qui touche tous les secteurs, tout le monde le sait déjà. Mais cela n’excuse pas tout. Crise morale également, car lorsqu’on coupe non pas un pourcentage partiel des financements mais leur totalité, c’est un pays monstre sans culture qu’un état Frankenstein est en train de créer. Cela relève de l’expérience sociale : on coupe les fonds par-ci, pour en rajouter par là, sans vraiment peser les conséquences finales. Un arrêt sur image violent qui devient plus que critique puisque les concours 2012 n’ont toujours pas été ouverts ; ils auraient dû débuter en janvier. Une attente de près de cinq mois donc pour tous ceux qui attendent de pouvoir présenter de nouveaux projets.
Au cours de ces derniers jours, un appel a été lancé sur tous les réseaux sociaux pour réunir le plus grand nombre de personnes favorables à la cause (c’est par facebook que je l’ai su). Non pas pour faire grève, puisque pour qu’il ait grève il faudrait déjà qu’il y ait du travail, mais pour une mobilisation pacifique, un éveil artistique. Mercredi dernier, face à l’Assemblée Nationale, un écran improvisé a été hissé sur la façade d’une maison. Un cinéma de plein air qui a diffusé plus de 100 ans de cinéma portugais sous les yeux d’une foule de spectateurs au rendez-vous.
Espoirs projetés, le message est clair, l’attente se fait trop longue...
Alors, à quand une décision ?
Quant à nous, pour montrer notre soutien, nous ne pouvons qu’en parler dans l’espoir que ça tourne.
Viddy Well,
E.D.
Ça me donne envie d’écouter Aznavour, tiens !
«Les comédiens ont installé leurs tréteaux, ils ont dressé leur estrade... Avec les chaises d’un théâtre à ciel ouvert».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire